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15 Mai
Journée d’étude et de pratique - Belgique - La Fabrique philosophique (ULiège/PhiloCité) : S’engager en classe de philosophie ? Neutralité et débat d’idées. Avec Nathalie [...]

Bandes annonce et aftermovie

Détail :

Que ce soit en France ou en Belgique, on cultive la science en transmettant le contenu de la science. La communication proposée aura pour objectif de présenter les grands axes et de souligner les enjeux d’une approche alternative plus pertinente, en phase avec l’esprit des Nouvelles Pratiques Philosophiques. Celle-ci s’articule autour de l’idée selon laquelle on ne cultive pas efficacement la science en se contentant d’en transmettre son contenu, mais aussi en en enseignant sa nature. En substance donc, il incombe d’éduquer à ce qu’est la science en tant que démarche rationnelle de production de connaissances, approche relevant, non de la science elle-même, mais bien de la philosophie. Ce n’est que par ce biais qu’il deviendra envisageable de développer chez nos concitoyens, non pas seulement des connaissances scientifiques, mais bien un esprit critique à l’aune duquel chacun pourra être en mesure d’identifier les contenus scientifiques fiables et, ce faisant, dignes de servir de guides à l’action.

Les cours de mathématiques sont plus que propices à expérimenter des activités et situations d’apprentissage permettant de mobiliser des compétences relevant – à la fois – des mathématiques et de l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC).  Cette intervention a pour but de vous présenter certaines expériences menées afin d’identifier – et de formaliser – les intersections entre les deux disciplines, ainsi que le périmètre de leurs enjeux didactiques conjoints.  Les intervenant.es s’appuieront sur des exemples concrets issus des programmes mais inscriront également l’apprentissage des mathématiques et de la philosophie dans le contexte global du monde d’aujourd’hui. Ce faisant, ils mettront en lumière les raisons de considérer, par-delà les préjugés et les représentations, que la parenté entre philosophie et mathématiques est bien plus grande qu’il n’y paraît. 

La pratique philosophique a tout intérêt à entrer en résonance avec les savoirs qui sont appréhendés à l’Ecole : pour en questionner le sens et en révéler les problèmes. Parmi eux, l’Histoire requiert, en particulier, un questionnement, car elle dresse un portrait de l’Humanité passée : par les évènements, les batailles, les révolutions qu’elle présente. Qu’est-ce qu’ils signifient ? Est-ce qu’ils représentent notre Humanité ? Est-ce que cela aurait pu se passer autrement ? Est-ce qu’on connaît réellement les évènements de l’intérieur ? Ou est-ce qu’on ne connaît que la voix de certains ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre, grâce à l’analyse d’un travail naissant, mené avec des enfants de 9 à 11 ans.

Johanna Hawken, Responsable de la Maison de la philosophie de Romainville. France.

Julia Orosco, Animatrice et médiatrice à la Maison de la philosophie de Romainville. France.

On philosophe d’ordinaire à partir d’une notion (la liberté) ou une question (l’humain est-il libre ?). Conceptualiser une notion, c’est, à partir d’une idée générale et abstraite, tenter de la configurer plus précisément (Deleuze). Problématiser une question, c’est tenter de cerner ses enjeux philosophiques, chercher sous cette question un problème, un nœud qui l’habite et les difficultés à le dénouer, à résoudre ce problème.

Mais qu’en est-il lorsque l’on veut philosopher sur un objet, qui n’est ni une notion, ni une question ? On philosophe bien sur des objets dans l’histoire de la philosophie. Par exemple, quand Descartes analyse le morceau de cire, il problématise sa nature perceptive, à partir des variations de son apparence, et pose le problème épistémologique de la véracité de sa connaissance par les sens. Berkeley lui réduit ontologiquement l’objet à sa perception (être, c’est être perçu), comme une idée qui m’est envoyée par Dieu dans mon esprit. C’est à partir du rapport à sa perception que dans les deux cas un problème est posé, épistémologique ou/et ontologique.

Un objet se donne dans la vie quotidienne comme déjà configuré, dans sa matérialité apparente ou réelle, et, s’il est fabriqué par l’homme, par sa fonctionnalité (la voiture, c’est pour se déplacer). Quid donc de sa conceptualisation ? Et comment le problématiser, par quelle(s) approche(s) ?

À titre d’expérience, nous proposons une DVDP de réflexion philosophique sur « Le livre » (objet culturel), avec ensuite une réflexion collective sur : comment philosopher sur cet objet, et plus généralement sur un objet ?

I) Les enjeux de la réflexion philosophique sur un objet (1/2h)

II) DVDP sur un objet culturel : le livre (1h)

III) Analyse de cette expérience de philosopher collectivement sur un objet (1/2h)

Michel Tozzi, Professeur des Universités – Université P. Valéry de Montpellier.

Face à l’enseignement traditionnel, les Nouvelles Pratiques Philosophiques se sont surtout développées sous la forme de méthodes de discussion. Or la méthode prémunit contre l’erreur, mais pas contre la bêtise, entendue comme confusion entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas (Deleuze). Bien raisonner ne garantit pas de dire des choses intéressantes, et risque même de nous aveugler à ce qui compte : « c’est vrai, mais quelle importance ? ». Peut-être est-ce alors à la culture qu’il faut demander ce dont la méthode est incapable : faire importer. Aller y voir permettra de répondre en pratique aux soupçons que peut éveiller le critère de l’importance : élitisme ? noyade dans le subjectif, l’affectif, l’individuel – relativisme ? On posera ainsi la question « quelle importance ? » en un sens qui n’a plus rien de rhétorique : quelle importance, au juste ? Que faut-il entendre par-là ? Comment l’importance se fabrique-t-elle, s’exprime-t-elle, se discerne-t-elle ?


Jonathan Soskin, Animateur-Formateur à PhiloCité
Julien Pieron, Chargé de cours à l’ULiège

Détail :

Dans son intervention, Christophe Veys évoquera des questions liées à l’accessibilité de l’art contemporain et la dimension affective cachée derrière des formes parfois en apparence très conceptuelles. Ses interventions prennent toujours la forme de présentations volontairement accessibles, même aux néophytes en matière de pratiques contemporaines.

Christophe VEYS  – Historien de l’art (ULB), collectionneur d’art contemporain et commissaire d’exposition. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain, la pratique de l’exposition et l’histoire des institutions culturelles à ARTS² – Mons.

Les participants seront amenés à réfléchir, guidés par deux animatrices, à la manière dont la théorie apportée par le conférencier peut être mobilisée dans un atelier de pratique philosophique.

Pause

Entreprendre un dialogue interculturel, c’est entrer dans une démarche de reconstruction du sens. Autrui me diffère essentiellement parce qu’il se réfère à un autre cadre cognitif, conceptuel et de valeur que le mien. La pratique du dialogue socratique va nous aider à développer les habiletés de pensée nécessaires au perspectivisme et au travail réflexif en jeu dans l’interculturalité : interpréter, faire des analogies, identifier des présupposés, conceptualiser, problématiser,… L’histoire palpitante du “CakeGate” nous plongera concrètement dans cette entreprise.

La Rue s’étonne est une performance philo/théâtre de rue composée d’une troupe de binômes de praticiens de la philosophie et de comédiens et qui, associés à son jeu de cartes, facilite les discussions philosophiques avec les passants de tous les horizons et de tous les âges. La Rue s’étonne a été conçue et orchestrée par Annie Mako, dans le cadre de son Festival Philoscène 2021 à Paris. Le jeu de cartes, indissociable de sa troupe, a été co-écrit par Aline Lebert, Annie Mako et Claude Lupu.

Depuis 50 ans, les représentations de l’enfance ont considérablement évolué. Considéré désormais comme un « interlocuteur valable » (J. Levine) et un sujet de droit, l’enfant se voit accorder de nouvelles reconnaissances. La pratique de la philosophie avec les enfants et l’avènement d’une littérature de jeunesse qui aborde de façon complexe et poétique de grandes questions métaphysiques sont révélateurs de cette révolution anthropologique.

La communication reviendra sur les liens qui unissent aujourd’hui la philosophie, l’enfance et la littérature. L’interprétation des récits est un moment fort des ateliers de philosophie. La fiction – immense « laboratoire de l’imaginaire » (P. Ricoeur) – permet expérimenter une multiplicité de situations et de mondes possibles, elle nous propose des dilemmes, nous fait vivre par procuration ce que le réel seul ne nous permettra jamais de vivre, elle éveille nos affects, tout en les plaçant à « bonne distance » au travers les personnages.

Comme au commencement de la philosophie avec les allégories platoniciennes, la littérature (de jeunesse) opère ainsi une ruse de la raison, qui charme, bouleverse et interroge pour rendre notre expérience du monde plus intelligible.

Edwige Chirouter, Professeur des Universités, Université de Nantes. Titulaire de la chaire UNESCO de Philosophie avec les enfants. France.

En quoi la pratique de dialogues à visée philosophique à partir d’albums de littérature de jeunesse polynésienne bilingue favoriserait-elle une rencontre interculturelle fructueuse ? Le cadre théorique de cette investigation est vygotskien et piagétien. Cette recherche s’appuie sur les travaux de chercheurs dans le domaine de la philosophie pour enfants. Les travaux de linguistes océaniens éclairent la réflexion. Au-delà du repli communautaire, les questions philosophiques tendent à l’universalité. Cependant, les réponses à ces questions sont émises par des individus imprégnés d’une empreinte culturelle et de spécificités. Le contexte de l’école polynésienne est plurilingue (bilinguisme français et tahitien). Les participants de l’expérimentation sont d’origine culturelle multiple. De surcroît, des écarts existent entre la culture scolaire et la culture familiale sur le plan éducatif. C’est pourquoi, cette recherche exploratoire, qualitative et longitudinale, a impliqué 6 parents volontaires, 20 élèves de CP, 1 conseillère pédagogique et 1 enseignant. Chaque semaine, un parent de l’école de Paopao à Moorea, venait lire une histoire aux élèves, en français ou en tahitien. Puis un dialogue à visée philosophique était lancé en prenant appui sur le texte lu. Le corpus littéraire était composé de 9 albums de littérature de jeunesse polynésienne. Différents types de questionnement à visée philosophique ont été posé aux élèves. Les grilles d’analyse confirment l’évolution positive des habiletés intellectuelles propre à la philosophie des élèves. Une analyse de texte basé prouve que le lexique utilisé par les élèves s’étoffe. Une analyse statistique atteste de la dimension philosophique des échanges. Les dialogues à visée philosophique ont permis un échange respectueux du pluralisme, le développement de l’esprit critique des élèves et une ouverture à l’altérité. L’implication parentale a favorisé la coéducation. L’utilisation de littérature endogène a valorisé le patrimoine culturel et linguistique polynésien. De surcroît, les propos des élèves ont reflété des spécificités culturelles propre à la mosaïque polynésienne.

Simon Deprez, Doctorant à l’Université de Polynésie française.

Dans la foulée de révélations sur de l’abus de pouvoir et du harcèlement sexuel à Hollywood, la parole de femmes harcelées s’est libérée sous la forme d’une dénonciation massive de situations de pressions morales ou de violences physiques qu’elles avaient elles-mêmes vécues. Mais les campagnes #metoo ou #balancetonporc n’ont pas manqué de faire réagir à leur tour des hommes, qui ont critiqué la démarche par des arguments multiples et de diverses natures. Que valent ces arguments ? Par l’analyse détaillée de l’argumentation d’un éditorialiste célèbre, nous poserons à la fois des questions de logique et des questions sur les rapports de genres dans la société contemporaine.

Intervention créée avec Caroline Glorie (ULiège).

Bruno Leclerq, auteur de quatre ouvrages et d’une soixantaine d’articles dans le domaine de la logique, de l’ontologie formelle, de la philosophie du langage et de la phénoménologie, Bruno Leclercq enseigne la logique et la théorie de l’argumentation à l’Université de Liège.

Nous l’expérimentons dans notre vie de tous les jours : pour tenir quelqu’un loin de la vérité, il y a essentiellement trois méthodes : le mensonge (dire le faux) ; noyer le poisson (en dire tellement et hors toute hiérarchie qu’on s’y perd) ; mentir par omission (ne pas tout dire).
Il en va de même pour la production d’ignorance. Si le registre des fake-news nous est désormais connu, il en est deux autres autrement plus fréquents et insidieux dans le monde des media : la création d’ignorance par excès ou au contraire retenue d’informations. Dans cet atelier, après une démonstration issue de ma propre pratique journalistique et filmique, je proposerai aux participants de manipuler eux-mêmes du contenu médiatique pour expérimenter comment, en retranchant des interviews ou du commentaire, ou a contrario en procédant à des rajouts, ils peuvent altérer le message au point de le rendre faux et pourtant crédible : un parfait vecteur d’ignorance.

[Les participants sont priés de venir équipés d’ordinateurs portables, après avoir procédé au téléchargement et à l’installation du logiciel de montage vidéo Davinci Resolve 17 (version gratuite, pour Mac, Linux ou PC). Ils seront formés « sur le tas » au maniement de base de ce logiciel assez intuitif. En amont il sera également demandé de télécharger depuis un cloud le matériel (fichiers audiovisuels etc) que je leur proposerai de manipuler. L’URL de téléchargement de ces fichiers sera communiquée quelques jours avant l’intervention.]

Myriam Tonelotto, Réalisatrice à ARTE

La démarche des cinéphilo que je propose au CAL-Charleroi consiste à proposer des extraits de cinéma qui développent un langage propre et sont particulièrement marquants. Avec les participants, il s’agit ensuite de raisonner en résonnance avec les extraits choisis.

Le cinéma ne manque pas de séquences particulièrement marquantes qui développent un langage propre au niveau du style : l’os-satellite de Kubrick qui condense toute l’histoire de l’humanité, Charlot pris dans les engrenages de la modernité, les foules marchant à reculons dans Koyaanisqatsi, etc.

Dans l’exemplification de cette démarche que je propose ici, il s’agit de partir d’extraits de deux films de Jacques Tati, « Mon Oncle » (1958) et « Playtime » (1967). Ces deux films montrent un certain changement qui s’opère dans la société ( le début d’une société consumériste) et mettent ces changements en contraste avec Mr Hulot. A ce titre, ils nous permettent d’articuler une discussion autour des valeurs du monde moderne et du kitch comme révélateur social. Dans cet échange, les extraits permettent d’initier les raisonnements, de relancer les discussions. Ils stimulent les associations d’idées et ouvrent la porte à de multiples interrogations en vue de questionner le monde qui nous entoure.

Guillaume Lejeune, Animateur au CAL Charleroi.

À partir de la philosophie de l’expérience de Dewey, nous examinerons des dispositifs sonores permettant un questionnement esthétique en atelier philo (et plus particulièrement pour des ateliers du type de la CRP-Lipman). Notre idée de base serait d’explorer le moment de création d’hypothèses chez les philosophes lors de leur interaction avec leur environnement sonore, au moyen de dispositifs particuliers dans cet environnement : le monocorde et les figures (ou plaques) de Chladni.

Pour Dewey, quand un problème se pose dans l’interaction du philosophe avec l’environnement, il est amené, comme tout être vivant, à opérer des sélections pour s’adapter au problème en question. Il peut opérer ces sélections par isolation de traits de l’expérience lors d’une expérimentation, par analyse, conceptualisation et création d’hypothèses. Le monocorde et les figures de Chladni sont de telles sélections, fonctionnant à l’intersection des sens pour comprendre l’émergence d’une organisation sonore de l’expérience. Peut-on nous poser nous-mêmes des questions philosophiques à partir de l’usage de ces deux dispositifs dans un atelier philo ? Nous proposerons des pistes théoriques qui pourraient être abordées lors de cette discussion (comment passe-t-on d’un bruit à un son ? De quelle nature est l’organisation des sons ?), ainsi que des réflexions plus méta sur ce qu’un tel type d’atelier supposerait au niveau de l’expérience esthétique : une attention à la complémentarité et aux désaccords possibles entre nos sensations.

Jérôme Flas – Doctorant à l’ULiège, esthétique philosophique.

Pause

A côté de toute une série de gestes plus ou moins spontanés, les sens jouent un rôle central en ce qui regarde la façon dont nous nous inscrivons dans l’environnement. La façon dont nous percevons le réel impacte la façon dont nous nous y rapportons. Or nous n’avons pas toujours une conscience nette de notre perception, car les différents sens sont mêlés. Nous proposons dès lors d’explorer des pistes pédagogiques pour déconstruire le réel en dissociant les sens et en problématisant ce sur quoi porte notre attention. L’enjeu est de faire du milieu ce à partir de quoi une pratique philosophique peut s’élaborer.

Paroles d’enfants est une série documentaire invitant à découvrir les pensées et les modes de vie d’enfants d’ici et d’ailleurs, à réfléchir à la diversité culturelle et à bien d’autres questions. Chaque épisode présente des jeunes d’un pays qui discutent ensemble d’une question philosophique. Dans le prolongement de la découverte de ces vidéos, nous expérimenterons un outil pédagogique, « Philo CAParoles d’enfants », associant pratique philosophique, ouverture au monde et mise en projet pour un engagement citoyen.

Comment concilier dans le cadre scolaire une visée pédagogique demandant explicitement de poursuivre un objectif de transmission d’une « culture philosophique » par la lecture de textes de philosophes de la tradition, et les objectifs philosophiques de Lipman ou ceux de la communauté de recherche de Dewey ? La lecture de textes qualifiés « de philosophes » (contrairement aux textes qualifiés de « supports inducteurs ») amène un double risque : perdre l’énergie de recherche de résolution de problème en donnant le problème et la solution apportée par le ou la philosophe, ou tomber dans une étude textuelle qui poursuit des objectifs qui devraient être travaillés en français, et non en philosophie. Pour répondre à ce problème, j’ai tenté plusieurs modèles, qui, selon mon expérience, offrent une perspective de réponse, ou du moins, un moyen d’éprouver le problème. Je voudrais ici présenter deux modèles et mettre en pratique le deuxième.

Cette présentation a pour but de montrer le caractère tout à fait singulier des objets porteurs de questionnement et d’engagement, présentés aux élèves francophones de l’enseignement officiel de philosophie et citoyenneté de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Objets hybrides qui ne sont ni le prétexte d’une présentation simplifiée et « cool » de l’histoire de la philosophie – comme le fait une certaine pop’philosophie – ni prétexte à un atelier philosophique dont ils ne sont « que » le déclencheur, ces objets à potentiel philosophique ne rompent jamais vraiment avec leur contexte d’apparition. Ainsi, c’est véritablement cet entre-deux qui rend possible une approche tenant du philosopher tout en permettant une référence explicite aux objets issus de l’histoire de la philosophie. Une attention toute particulière sera apportée à deux types de supports que l’on rencontre peu et dont la nature satisfait les contraintes du cours de philosophie et citoyenneté. Il s’agit de la bande dessinée et du cinéma d’animation. À cela s’ajoutera une réflexion sur la sélection et l’enjeu du choix des textes philosophiques abordés en parallèle de ces objets à potentiel philosophique.

 

Une détermination précise de la signification de la notion de palabre permet d’articuler avec intérêt et transversalité ses différentes acceptions, ses modalités opérationnelles ainsi que ses effets sur la constitution, l’animation et la préservation du vivre ensemble en Afrique. Il sera intéressant de voir ce qu’il y a de vivifiant dans la manière dont s’y construit un éco-système discursif et se joue une dynamique sociale et juridique d’une étonnante fécondité démocratique.

Après un exposé théorique suivi d’un échange avec les participants, il sera proposé un atelier pratique sur le déroulement d’une séance de la palabre africaine autour d’un jeu de rôles bien défini et encadré dans les règles de l’art.

André Yinda est Docteur en Philosophie politique de l’EHESS (2005). Après avoir été enseignant-chercheur à l’Université de Yaoundé I (Cameroun), à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (France) et à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), il a exercé diverses responsabilités dans la gestion des organisations d’insertion socioprofessionnelle en Belgique. Il dirige actuellement le CRIPT, un laboratoire de recherches indépendant et collabore avec divers organismes gouvernementaux et institutions universitaires. Ses activités de recherche s’articulent autour d’une approche philosophique de la relation guerre-politique, des relations internationales et des transformations démocratiques en Afrique et dans les diasporas. Il est notamment l’auteur de L’art d’ordonner le monde. Usages de Machiavel (Paris, L’Harmattan, 2008) et Montesquieu décolonial ? Critique du débat sur la séparation des pouvoirs en Belgique (Londres, KDP University, 2019).

La culture est autant une somme de connaissances qu’une série de pratiques qui traversent une société à une époque donnée. Dans les ateliers philo-art-science, nous enquêtons sur une problématique en convoquant la culture artistique et scientifique.
Pour cet atelier, nous mettrons sous le projecteur la thématique de la lumière et nous nous demanderons comment l’invention de l’éclairage a transformé nos existences. À quoi ressemblerait le monde s’il n’y avait pas d’ampoule ? Pas d’électricité dans les rues ou dans les maisons ? Comment des inventions techniques modifient notre rapport au monde ?
Les artistes travaillent aussi la lumière : que ce soit avec l’éclairage d’un spectacle, l’art de la photographie, les illusions d’optique ou bien encore le travail de l’ombre dans l’art contemporain, ils jouent avec nos sensations visuelles. Nous nous inspirerons de leurs pratiques pour expérimenter à notre tour des jeux d’éclairage.
À partir de cet exemple de l’éclairage, nous discuterons comment travailler en atelier philo à partir de l’invention d’un objet technique.

Stéphanie Franck et
Sandrine Schlögel, Animatrices-Formatrices à PhiloCité

Pourquoi ce projet a sa place pour les 20èmes Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques ? D’abord parce que c’est une expérimentation. « La philosophie n’est pas un temple mais un chantier » écrit Georges Canguilhem. Tout comme le théâtre propose un spectacle multiple, vivant, en construction permanente. Ce que nous souhaitons donner à entendre et à penser, ce n’est pas un projet qui serait un modèle, un exemple à copier et à reproduire tel quel.

Ce qui nous intéresse et ce qui décuple nos forces dans ce projet, c’est d’expérimenter la rencontre entre une pratique, philosophique, et un art, théâtral, tous les deux vivants. Vivants donc nerveux, parfois retords. Vivants et exigeants, voire susceptibles. Vivants et intéressants.

La lecture de Momo, le conte philosophique de Michael Ende fait germer chez Corinne Méric l’idée d’une adaptation de ce texte pour le théâtre. Dans le cadre d’un projet conjoint notamment entre le Théâtre de Villefranche sur Saône et une école de la ville, une petite forme théâtrale jouée par deux comédiennes permettra de faire découvrir aux enfants l’histoire de Momo puis ils les joueront sur scène.

Cette lecture suscite chez Alicia Polzella Gauduel l’étonnement : tout y est philosophique ; puis immédiatement, l’envie évidente d’élaborer des séquences de philosophie sur les thèmes de Momo.

Mais pour dépasser ce travail en parallèle, c’est la rencontre qui fait naitre une approche nouvelle. L’expérience théâtrale servira de déclencheur et viendra en soutien à la discussion philosophique. La pratique philosophique alimentera l’écriture théâtrale de l’adaptation et nourrira la mise en scène.

Nous détaillerons pourquoi il ne s’agit pas d’une « simple juxtaposition de projets ». Nous expliciterons sans fard les conditions de réussite que nous avons identifiées et travaillées. Nous présenterons les conséquences et les résultats concrets de cette coopération riche et fertile. Cette expérience nous montre, et nous le montrerons à notre tour, que la réussite de la rencontre éclate lorsque l’Autre me permet de me rencontrer moi-même, autrement et comme jamais.

Alicia Polzella Gauduel – Association Faire Philo

Corinne Méric – Metteure en scène et comédienne

Qui sont nos alter egos, ces « autres » qui vivent en nous ? Dans cet atelier, dans un va-et-vient permanent entre écriture et philosophie, chacun.e sera invité.e à se construire des alter egos.  En titillant les participant.es dans leurs imaginaires, il s’agira de permettre aux participant.es de se jouer de leurs identités, pour mieux les déjouer.  Cet atelier sera l’occasion de voir à quel point théâtre et philosophie peuvent se conjuguer, au bénéfice d’une créativité et d’un pouvoir d’action ravivés. 

Gilles Abel – Philosophie pour enfants

Vincent Tholomé – Auteur, poète et performeur

Détail :

Le médecin sait utiliser le stéthoscope, symbole du savoir. Pendant la pratique de son métier, la rencontre avec le patient, unique à chaque fois, l’amène à découvrir une autre dimension de l’être humain, une dimension culturelle qui est symbolisée par le caducée. La découverte du caducée est une démarche individuelle, complexe, à la laquelle la réflexion philosophique apporte un point de vue original qui permet au médecin de se « jeter à l’eau  » en étant mieux préparé pour exercer son rôle de soignant.

À partir du travail mené dans plusieurs ateliers philosophiques, variant les médiations culturelles, nous présenterons les modalités de la création d’un espace pour la pensée chez des adolescents et jeunes adultes en Hôpital de jour. Comment produire une question quand l’espace de la métaphore est entravé ? Quels chemins vers la génération d’un concept originel ?

Détail :

L’histoire aussi bien que la psychologie sociale ont montré que nous pouvons nous soumettre à des ordres ou adopter des comportements que pourtant nous jugeons illégitimes. Nous agissons alors paradoxalement à l’encontre de ce que notre conscience et notre volonté nous dictent. Cet aspect pratique de l’esprit critique devrait être entraîné au sein même du système éducatif, à travers une réflexion et des mises à l’épreuve encadrées qui permettent aux élèves de dépasser cet autre paradoxe d’un système scolaire qui les enjoint à être critique et à s’émanciper, dans un cadre qui est souvent le lieu de l’obéissance. Notre atelier sera l’occasion de présenter et de questionner une pratique de classe de Terminale au lycée, en philosophie, consistant en une mise en situation où leur capacité à résister à des demandes qu’ils jugent pourtant illégitimes et à résister à la pression du groupe sont mises à l’épreuve. Il s’agira de faire le lien entre la pratique scolaire de la philosophie, la culture de l’esprit critique et la place des élèves, futurs citoyens dans la cité.

Notre présentation porte sur la portée philosophique des dystopies de jeunesse et young adult et s’interroge sur la manière dont elles permettent de penser le monde et en particulier leur pertinence dans un cours de philosophie dans le secondaire. Il s’agira d’examiner s’il est possible d’apprendre à philosopher grâce aux romans dystopiques de jeunesse et dans quelles mesures cette démarche est en rupture ou en continuité avec l’enseignement traditionnel de la philosophie. Comment la dystopie peut-elle aider les adolescents à philosopher, à penser le réel ? La dystopie étant une fiction, est-elle efficace pour faire réfléchir sur l’organisation sociale et politique de la société réelle ? La fiction dystopique permet-elle de rêver, de se divertir, de s’échapper de la réalité ou au contraire de mieux s’y plonger, d’y voir plus clair ? La dystopie de jeunesse développe-t-elle l’esprit critique ou bien peut-elle amener le lecteur à accepter plus facilement les privations ou coercitions de la vraie vie, qu’il perçoit comme infime en comparaison ?

Détail :

Apprendre et maîtriser les lois de la logique formelle pour mieux penser par soi-même revêt une importance particulière dans les travaux et dans la pensée de Matthew Lipman. Ainsi, savoir utiliser des arguments logiquement valides est gage d’une pensée rationnelle, réflexive et critique. Or, lois de l’esprit ou lois de la nature, la logique et ses règles sont avant tout au cœur d’une longue tradition et culture philosophique.
A cheval entre culture et pratique philosophiques, la place de l’apprentissage de la logique dans les pratiques philosophiques questionne : Quelle est son importance pour les discussions philosophiques ? De quelles règles logiques parle-t-on exactement ? Pourquoi favoriser une approche aristotélicienne, comme le propose Lipman ? Comment peut-on travailler la logique de manière ludique et progressive ? Comment assurer le transfert de la connaissance de règles logiques à son utilisation effective au sein

d’une discussion philosophique ?
Ces questions seront adressées à l’aune d’un travail de réédition du roman philosophique de Matthew Lipman, À la découverte d’Harry Stottlemeier (1974), dont le but est précisément de faire découvrir les bases de la logique aristotélicienne à des enfants de 10-12 ans. L’intervention présentera l’avancée et les réflexions autour de fiches thématiques pour travailler le roman Harry. Elle proposera également des mini-ateliers pour prendre en main et exercer certaines règles logiques.

Anouchka Wyss, Titulaire d’un Master en Philosophie contemporaine de l’Université de Genève, collaboratrice scientifique en Psychologie de l’éducation et forte de différentes expériences en enseignement et animation socio-culturelle, Anouchka Wyss s’intéresse et pratique l’animation de discussions philosophiques depuis 2017.

Détail :

Je vous propose un atelier d’impro, d’improvisation théâtrale, dit-on souvent, mais à mon sens pas si « théâtrale » que ça. L’impro, telle que je la pratique sur scène, dans mes ateliers et dans la vie tout simplement depuis une trentaine d’années, est plutôt un outil de communication ludique, simple et direct. Dénué d’artifice et de calcul. 

Les exercices proposés dans cet atelier seront révélateurs des difficultés et des freins qui entravent notre rapport à l’autre dans sa spontanéité. car il nous est souvent malaisé de nous faire comprendre avec justesse autant que de comprendre sans déformer.

Improviser c’est dire oui! Dire oui à l’autre, à l’imprévu, à l’imprévisible, à la contrariété. En ce sens c’est aussi lâcher prise. L’improvisation requiert souplesse mentale et sens de l’adaptation. Cela se travaille, cela s’entraîne pour qu’au final les appréhensions, voire les peurs, se transforment en saine curiosité, joyeuse et créatrice.

L’initiation à l’improvisation et à ses clefs consiste à développer les qualités d’écoute, par l’ouïe et le regard, à stimuler les facultés de réponse, de rebond face à l’interlocuteur qui a sa partie à jouer pour établir avec lui un équilibre, nouveau et à réinventer constamment. Toute une philosophie, non?

Est-il une journée de notre vie qui se déroule sans surprise, sans imprévu? Pas celle qui vous est proposée ici, en tout cas. Mais ne craignez rien, suivez-moi, c’est par ici…

Joël Michiels, Cofondateur de la troupe ImproVisé et du Duo d’Impro; comédien, metteur en scène et formateur en communication inter-personelle pour TALENT Communication. 

mouvement

Détail :

Il est connu de longue date que la marche facilite le maintien de la concentration dans l’effort de réflexion. En somme et très naturellement, il est plus facile de cheminer dans la pensée lorsqu’on chemine réellement. Toutefois, la plongée réflexive est telle qu’elle risque de nous abstraire totalement de l’environnement que l’on arpente. Ni cadre de la rêverie, ni support de la contemplation, ni condition de l’effort à fournir, ce qui nous entoure semble alors tout simplement disparaître. Nous tâcherons d’éviter cet écueil et de maintenir le juste équilibre entre joie spéculative et attention au lieu que l’on parcourt.

Alexis Filipucci, Animateur-Formateur à PhiloCité

hypnose

Détail :

L’hypnose consiste à endormir les gens, la philosophie à les réveiller ! L’hypnose vise l’inconscient, la philosophie la conscience. On pourrait aussi ajouter qu’une notion centrale de l’hypnose est la confusion, alors que la philosophie accorde un rôle essentiel à la clarification et à la raison. Alors, l’hypnose peut-elle apporter des outils et des pratiques intéressantes à la philosophie ou vaut-il mieux entériner le divorce entre ces deux approches ?
Le pari qui sera fait au cours de cet atelier est de considérer que les deux pratiques ont bien davantage en commun qu’on ne peut l’imaginer et de faire tester quelques pratiques de l’hypnose qui peuvent être utiles à la philosophie et inversement des outils philosophiques, qui peuvent servir à l’hypnose.

Anne Staquet, Professeure de Philosophie à l’UMons et thérapeute

Détail :

 Cet atelier formatif aura pour but de permettre aux participants de s’éveiller au questionnement philosophique ensemble avec un support ludique et artistique et d’assurer la transposition pédagogique auprès de leurs élèves ou groupes. Faire de la philosophie c’est interroger le réel, s’étonner de ce que les choses sont. De la rencontre esthétique peut naître la recherche collective de sens, du sens des sens.  Convier la philo au musée c’est aussi et surtout inviter à explorer ses représentations de ce qu’est un musée, de ce qu’est la culture de manière globale. En partant de leurs représentations initiales, ces dispositifs ludiques permettent aux publics de construire, de consolider, voire d’enrichir leur vision, de (re)créer du sens au travers des œuvres présentées.

Il s’agira de vivre les dispositifs d’animation permettant de travailler le questionnement philosophique et de déployer la pensée au détour des œuvres présentées. La médiation culturelle consiste à relier deux pôles : le monde de la création artistique et les publics. En ce sens, le médiateur crée les outils et les conditions d’une rencontre entre ces deux mondes. Riches de nos expériences avec différents musées, nous prenons le pari de faire de la pratique philo un outil de médiation en contexte muséal.

Il ne s’agira pas de réaliser des productions artistiques (même si nous donnerons des pistes de réalisations possibles) mais de travailler la relation entre la philosophie et l’art. Au départ de supports artistiques, notre approche se centre sur la ludopédagogie : nous ferons vivre des dispositifs ludiques pour jouer avec les collections des musées afin de les découvrir. Nous travaillerons le regard et la pensée hors cadre. Le questionnement philosophique se travaille à partir de jeux réalisés dans le contexte muséal pour s’approprier l’endroit et en faire une pratique exploratoire afin de déployer les sources d’étonnement des visiteurs.

Au programme : un jeu de piste pour questionner philosophiquement les collections et expérimentation de plusieurs dispositifs ludiques pour explorer et apprendre à regarder les œuvres et objets présentés. Les dispositifs sont adaptables à plusieurs tranches d’âge ainsi qu’à différents contextes muséaux.

Pauline Stavaux – Philosophe de formation, praticienne philo et certifiée en formation pour adultes (ULB), CAL Charleroi. En plus de sa formation initiale et de son parcours professionnel, elle aura à cœur de partager avec vous son expérience de terrain.

Pause

Comment aider des adolescents placés en foyer éducatif à s’épanouir, et à développer leurs potentialités ? Le dialogue et les arts nous permettent de répondre à ce besoin de reconnaissance et d’autonomie. Nous verrons dans cette communication comment la combinaison des approches de Lipman et Freinet a soutenu l’épanouissement d’adolescents à travers trois exemples d’ateliers mêlant philosophie et technique, philosophie et arts plastiques, philosophie et histoire de l’art.

Nous présenterons une médiation philosophique pour adolescents et jeunes adultes en Hôpital de jour. À quel titre insérer une pratique philosophique auprès de jeunes souffrants de troubles psychopathologiques ? Comment y intégrer la spécificité et les exigences du soin ? Nous tenterons de dégager les éléments de la pratique qui soutiennent le développement d’un « soin philosophique ».

Depuis cinq ans, la Ville de Bruxelles organise dans les deux dernières années du secondaire des journées « Sport expérience » qui visent à ce que les adolescent.e.s pratiquent une activité mixte et questionnent l’assignation de genre à travers la découverte de sports dits « de fille » ou « de garçon ». Ces journées ont progressivement intégré des ateliers philo qui mettent en évidence une tension entre différents types de cultures. Dans « Sport expérience », où l’expérience partagée d’un sport remplace la lecture partagée d’un texte (Lipman), c’est avant tout par le corps. Car ce corps rend possibles nos expériences et nous apparaît comme un objet, il relève à la fois de la « nature » et de la « culture » (Merleau-Ponty) : il peut être comparé aux modèles des publicités, il peut incarner une norme ou s’en écarter (Judith Butler), etc.

Dans cet exposé-témoignage je souhaiterais montrer comment en travaillant à partir de cartes notionnelles, de textes talismans, et d’ateliers de discussion philosophique – ce que j’appelle le « kit de survie » – on peut former de futurs enseignants à pratiquer rigoureusement et activement le philosopher en classe. Je tenterai de montrer comment cette approche invite le futur enseignant à enrichir sa pratique par des contenus qu’il prendra l’habitude d’aller chercher lui-même en fonction des situations d’apprentissage à créer.

Si la culture philosophique semble faire encore cruellement défaut chez les futurs enseignants, soyons favorables à la mise en place de nouveaux dispositifs. C’est la promesse d’une Ecole différente, celle qui accepte le doute, reconnaît la valeur du tâtonnement, et se réjouit de discuter pour améliorer sa pratique.

Faire de la philosophie, certes, mais à quelle fin ? Pourquoi passer autant de temps à une activité en apparence si inutile, un peu oisive (pour ne pas dire oiseuse) ? Comment passionner son public pour les problèmes philosophiques, manifestement un peu abscons ? Ces questions, tout animateur d’un atelier philo se les pose un jour ou l’autre. Comment vais-je intéresser mon public à la philosophie? Comment vais-je lui donner l’envie de se livrer à cette activité ? Les anciens y avaient longuement réfléchi. Ils avaient même développé un genre littéraire à cet usage : le protreptique, dont la fonction consistait à tourner verspousser en avant, bref à inciter ou à exciter à pratiquer la philosophie. C’est de cette base historique que nous nous inspirerons pour cet atelier

Dans un premier temps, nous regarderons le modèle de plus près. Nous examinerons quelle leçon en tirer et quelles règles en dégager, en fonction de la fin que nous visons : pousser notre public à faire de la philosophie. Dans un second temps, nous nous essayerons à l’écriture, et chaque participant sera invité à composer son propre protreptique, celui qui correspond à son public et à ses aspirations.

Marc-Antoine Gavray aime le pouvoir. Il est ainsi parvenu à se faire élire – « par défaut », comme il le répète fièrement – président de la Société belge de philosophie, de PhiloCité, du Département de philosophie de l’Université de Liège et même de son club de badminton. Mais comme il ignore que faire de telles responsabilités, il consacre plutôt son temps libre à enseigner l’histoire de la philosophie antique et à mener des recherches dans ce domaine, que ce soit pour tirer les sophistes vers l’épistémologie et la politique (Platon héritier de Protagoras, Vrin), ou pour garder les néoplatoniciens tardifs dans la métaphysique systématique (Simplicius, lecteur du Sophiste). Animé d’une passion maladive pour l’exercice, il s’est récemment épris de la dimension pratique de la philosophie antique et de son usage contemporain.

Philosopher sur le téléphone

Michel Tozzi, Professeur des Universités – Université P. Valéry de Montpellier.

mouvement

Un temple de la culture dans un écrin de nature ? Oui, vous lisez bien. Le temple et l’écrin partagent le même nom : La Boverie. Cette rando-philo de deux heures explorera le thème de cette année : la place de la culture dans les Nouvelles Pratiques Philo. L’écrin n’étant pas très grand, nous tournerons autour du temple en laissant la marche modifier le tempo de nos échanges. Il y aura durant ces deux heures une alternance entre ces 3 temps : lancer la réflexion (autour d’une question, d’une affirmation), marcher en rassemblant ses propres idées, marquer un arrêt pour échanger. Au besoin, on s’appuiera sur une image (un tableau de la Boverie), sur un vivant à proximité (un arbre, un oiseau, vous ?). Dans tous les cas, on sera bien, à l’écoute, tendu·e vers l’autre.

Axel Pleeck, Directeur de l’Académie de dessin et des arts visuels de Molenbeek

hypnose

Sans s’encombrer de longues réflexions philosophiques, je propose de découvrir les phénomènes hypnotiques que l’être humain utilise dans « ses façons » de souffrir. Ainsi, la liste des phénomènes hypnotiques devient une grille de lecture du fonctionnement des pathologies et des problèmes humains.

Faisant abstraction de toute interprétation, on peut opérer un recadrage en interaction avec le patient, pour lui faire découvrir que la souffrance qu’il subit est en réalité un processus qu’il a construit à son insu au moyen de procédés hypnotiques.

Au cours de cet atelier, nous proposerons, par divers exercices, d’apprendre au public à reconnaître ces phénomènes hypnotiques négatifs et à utiliser quelques outils simples, dont le recadrage et certaines techniques d’auto hypnose positive, pour renverser rapidement la situation problématique.

Éric Mairlot – Neuro-psychiatre

Atelier d’art plastique visant à rendre compte de la notion de liberté par la technique de la gravure.

Les participants seront amenés à réfléchir, guidés par deux animatrices, à la manière dont on peut faire du lien entre l’atelier d’art plastique et une discussion philosophique.

Mélanie Olivier, Pôle Philo.

Pause

Cet atelier pratique est destiné à expérimenter les vices et les vertus d’un recours aux histoires et à l’Histoire dans l’enseignement de la philosophie.
DÉROULÉ (PROVISOIRE) DE L’ATELIER : cet atelier pratique d’une heure et demi est destiné à expérimenter les vices et les vertus d’un recours aux histoires et à l’Histoire en philosophie. Nous procéderons en quatre temps. 1) Je situerai d’abord brièvement les enjeux de cet atelier pratique dans le cadre de mes recherches doctorales. 2) Je répartirai ensuite les participants en sous-groupes afin qu’ils puissent bénéficier d’un temps de travail actif et collaboratif autour de supports philosophiques préalablement sélectionnés (ex : le groupe 1 n’a à sa disposition que des textes qui ne mobilisent pas l’Histoire de la philosophie ; le groupe 2 n’a à sa disposition que des textes de l’ordre de l’historiette et de la narration philosophiques, etc.). Sur base de ces différents supports « types », chaque groupe sera invité à produire une brève présentation didactique de la / des notion(s) abordée(s) dans leurs supports. 3) Chaque groupe présentera alors le fruit de son travail à l’ensemble des participants. 4) Après ces présentations, nous bénéficierons d’un temps d’échange « méta » pour soulever ensemble les difficultés rencontrées, les impressions engendrées par l’exercice et l’écoute des diverses présentations. Tout au long de cet atelier qui se veut ludique et sans pression, la variété des expériences et des backgrounds professionnels de chacun sera certainement précieuse pour soupeser les vices et les vertus pédagogiques du recours (ou non) aux histoires et à l’Histoire en philosophie.

Noëlle Delbrassine est assistante et doctorante au Département de Philosophie de l’Université de Liège. Entre didactique de la philosophie et philosophie de l’éducation, ses recherches portent sur la narration en philosophie et s’articulent autour de la polysémie du mot « histoire(s) » (avec ou sans majuscule, avec ou sans s).

Initier des enfants à l’esprit critique peut se faire dès leur plus jeune âge.

À partir de dessins animés classiques de Walt Disney, l’atelier leur suggère de classer les personnages en méchants/gentils puis de voir avec eux quelles sont les caractéristiques physiques des uns et des autres : âge, cheveux, couleur de peau, maquillage, dentition…

Le son participe également à cette classification. À partir du classique « Pierre et le loup », l’atelier propose de distinguer les musiques qui font peur, celles qui sont joyeuses, poussent à l’inquiétude ou à l’insouciance.

La conclusion espérée est que les enfants remettent en cause les stéréotypes : toutes les jeunes blondes ne sont pas forcément gentilles, les femmes très maquillées ne sont pas forcément méchantes, une musique « inquiétante » ne les met pas en danger, etc…

L’atelier leur suggère aussi de ne pas croire aux représentations ni aux paroles entendues, même si elles proviennent de …l’animatrice.

Anne Morelli, Professeure honoraire de l’ULB

Comment permettre aux élèves d’accéder à une culture scolaire philosophique sans renier leur culture propre ? Comment leur permettre de s’approprier ses codes et ses œuvres en expérimentant que philosopher cultive leur regard sur le monde et sur eux-mêmes, au lieu de se cantonner à une pratique scolaire trop formalisée ? Notre hypothèse consiste à mettre au travail dans les pratiques de cours, le concept d’œuvre : découvrir et travailler des œuvres artistiques, philosophiques, cinématographiques, mais également faire écrire et lire, en contribuant à un Journal de Philosophie, afin de leur montrer qu’ils sont capables de contribuer à des œuvres et d’estimer leur valeur.

Après une présentation de l’ensemble du dispositif qui cherche à faire pratiquer des œuvres de différents régimes esthétiques et intellectuels, nous pourrons chercher à spécifier la démarche du Journal de Philosophie.

Rémy David, Rémy David
Professeur de philosophie au lycée Philippe Lamour (Nîmes)
Directeur de programme au Collège international de philosophie. France.

Julia Labia a conçu et animé un programme pédagogique à la Philharmonie de Paris, depuis son ouverture en 2015. Il propose à des enseignants de Première ou de Terminale – qui en France ont tous un cours de Philosophie – de candidater avec leurs étudiants pour assister à une activité en deux étapes : une présentation du concert à partir de thématiques philosophiques générales, puis un concert de saison régulière donné par l’Orchestre de Paris. Ces programmes ont été conçus à titre d’expérience ouverte et non comme la démonstration d’une thèse. Il explorera ainsi une intuition et une pratique pédagogique née sur le terrain.

mouvement

Ne mangez pas trop à midi et enfilez une bonne paire de baskets. Nous expérimenterons, dans un environnement qui s’y prête bien, une séance de la méthode naturelle d’éducation physique qu’a mise au point Georges Hébert au début du siècle dernier, et chercherons à voir si son application à la didactique de la philosophie peut dépasser le stade de la simple analogie. 

Aurore Compère – enseigne le cours de philosophie et citoyenneté au secondaire qualifiant ; collaboratrice scientifique à l’ULiège

hypnose

Nous tenterons dans cet atelier expérimental d’explorer ce que signifie et ce qu’implique une transformation des croyances, par-delà les divisions disciplinaires, théoriques et historiques qui semblent parfois opposer les pratiques établies de l’hypnose et de la philosophie. L’atelier dans sa globalité sera placé sous le signe de l’accompagnement progressif dans un processus de transformation. Plus spécifiquement, nous réfléchirons avec le public sur l’intérêt de la mise en œuvre conjointe de techniques hypnotiques et de questionnements philosophiques.

Gauthier Dassonville, Collaborateur scientifique (ULiège) et praticien en hypnose ericksonienne
Alexis Filipucci, Animateur-Formateur à PhiloCité

En collaboration avec le Service Animations des Musées de la Ville de Liège, l’asbl PhiloCité a invité des groupes scolaires à participer au projet « Philo-Musée: Penser l’image ». L’atelier philo-musée s’y réinvente en proposant une nouvelle approche pour aborder la lecture d’image. Par la pratique philosophique, l’atelier initie aux bases de la sémiotique, discipline qui étudie les signes et leurs systèmes, pour donner des clés permettant de lire les images et productions artistiques, et de mieux comprendre comment fonctionne leur langage particulier. Que nous dit l’image? Que nous donne-t-elle à voir? Que nous signifie-t-elle? Dans ce projet, il est question de décrypter les images en les décomposant, de questionner nos observations, de prendre du recul et de réfléchir à nos manières de produire du sens.

Guillaume DAMIT – Animateur, PhiloCité asbl

Edith SCHURGERS – Coordinatrice du Service Animations des Musées de la Ville de Liège

Nora FIEVET – Étudiante en Communication, option médiation culturelle à l’ULiège

L’objet de cette communication est d’envisager les relations que les pratiques philosophiques entretiennent avec une démarche artistique essentiellement graphique et plastique, lors d’ateliers ou de discussions à visée philosophique avec les jeunes. Bien plus qu’illustrative, la partie artistique et créative est une mise en mouvement de la pensée. Après avoir expérimenté le passage de la réflexion à la parole, il s’agit lors de la partie créative d’en venir à l’« agir », et cela par le geste.

Il s’agira aussi de penser deux temporalités : la partie philosophique offre un temps rythmé par un problème et une thématique précise. Les enfants, les adolescents, se voient offrir un temps qu’ils exploitent en groupe. Ce temps est particulier puisqu’il leur est rarement accordé de pouvoir penser à plusieurs, ni de construire des éléments de réflexion dans un moment de partage et d’écoute, moment orchestré par l’animateur·rice philosophe. 

Le temps de la création est différent : il mobilise les imaginaires et des techniques variées : le temps n’est plus motivé par la résolution d’un problème, mais par un souci d’invention et de recherche symbolique. Cette temporalité se fait plus individuelle : les « réponses » graphiques, plastiques, se font presque d’elles-mêmes, dans un moment d’improvisation. 

Lors des ateliers philomoos à la bpi Centre Pompidou, nous proposons des objets et des réalisations graphiques et plastiques en étroite relation avec les problèmes philosophiques posés. L’objet peut « répondre » ou symboliser un élément de la discussion philosophique. La démarche artistique doit pouvoir se vivre alors comme une expérimentation qui entend répondre à la question : que faire avec une idée ? 

Lors de cette communication il s’agira de montrer que les ateliers philo-art consistent en une pratique interrelationnelle mêlant réflexion, imagination et geste créateur.

Fanny BOURRILLON – Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

Pause

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