Conférence aléatoire
Vous trouverez les explications sur ce que sont les DéPhis à l’article correspondant.
Celui-ci fait partie de la série des déPhis d’Autodéfense Intellectuelle (ADI), qui découlent des travaux du chantier éponyme.
Contenu de cette fiche :
Sources d'inspiration
Franck Lepage
Avec feue la SCOP Le Pavé, Franck Lepage, conférencier gesticulant et penseur-militant du secteur socio-culturel, a créé des « ateliers de désintoxication de la langue de bois« , qui commencent par chercher à comprendre son fonctionnement (son usage des figures de style dans leur intérêt politique), ses intérêts, les endroits où on la fabrique et où on la relaie… et qui continuent en proposant, des exercices collectifs et individuels pour lutter contre.
Cette fiche est issue d’un de ses exercices, qu’il intitule « jouer au conférencier » et décrit ainsi : « Prendre 15 mots d’un jargon professionnel par exemple, les tirer au sort et inventer au fur et à mesure un discours avec ces mots. C’est dans la facilité à inventer des phrases avec ces mots passe-partout que se situe l’intérêt de l’exercice. » – issu du Compte-rendu bref mais court de l’atelier de désintoxication de la langue de bois, p. 8
Un exemple en vidéo, par Lepage lui-même :
Activité en bref
Un DéPhi qui permet de développer les compétences de deux UAA :
2.1.1. | Repérer les tentatives de manipulation dans les discours |
3.1.1. | Questionner les rapports entre la vérité et le pouvoir |
Ce déPhi peut paraître uniquement formel. Adopter un ton, une gestuelle, une posture, qui font sérieux. Adopter un vocabulaire, des tournures de phrase, qui donnent l’impression que vous maîtrisez un sujet et avez préparé scrupuleusement votre discours. S’exercer à faire illusion, à jeter de la poudre aux yeux. Pure rhétorique ?
Si ce jeu nous intéresse, c’est que le clivage entre forme et fond est impossible, justement. Le sens du discours n’est pas connu d’avance, et pourtant il n’est pas absent ; il se construit petit à petit, et en l’énonçant on le découvre soi-même. N’est-ce pas fréquent, finalement ? Qui sait exactement ce qu’il va dire avant d’ouvrir la bouche ? Quels coups de force effectuons-nous au quotidien, en usant tel mot plutôt que tel autre, dans des micro-décisions prises en une fraction de seconde ? Quelles manipulations, quels rapports de force, instaurons-nous en parlant anglais ou latin, en mettant de notre côté la République ou la Démocratie ?
Cet exercice, tout en dédramatisant la prise de parole, met en exergue nos responsabilités dans le choix des termes que nous employons, en montrant bien comment il suffit d’un mot bien placé pour faire de l’effet.
Ici, l’objectif est de concentrer l’attention sur les mots, leurs associations possibles, et les effets de discours que l’on peut produire simplement à partir de ces atomes du discours. En se mettant dans la peau du politique qui reçoit de son équipe de communication quelques « bons mots » à placer dans son speech, on se rend compte à quel point la mode influe sur les termes, à quel point un mot peut être dans l’air du temps. La centralité des concepts est alors flagrante : c’est l’usage de tel ou tel mot qui compte, et il importe alors d’avoir saisi les sous-entendus et les entourloupes que recèle chaque concept.
On se défend contre :
- L’opacité du vocabulaireemployé dans notre propre secteur professionnel, ou nos études
- Le verbiage omniprésent dans les discours qui nous entourent
- La vacuité des concepts qui structurent les discours, dont on se sait finalement plus ce qu’ils veulent dire tellement ils sont rabâchés
- Les différentes figures de style qui sont employées dans la langue de bois pour leurs effets de distraction, d’orientation, de technicisation…
On se défend en :
- Incarnant soi-même le discourant, ce qui permet de ressentir les plaisirs et stress liés à cette prise de parole particulière
- Dédramatisant les discours sérieux, ici ridiculisés par le hasard de l’enchaînement des concepts
DéPhi relevé :
Si chacun·e parvient à faire sa petite conférence, en plaçant de façon pertinente tous ses concepts
Le groupe découvre, dans l’enveloppe, les deux petites enveloppes. Chacun·e pêche un sujet et 5 concepts, et à son tour devra improviser une petite conférence sur son sujet, en y casant les concepts au fur et à mesure de leur apparition.
Si les participant·e·s maîtrisent bien la langue et le sens des concepts, chacun·e peut improviser avec tout le tas des cartes concepts.
Pour faciliter l’exercice, à l’inverse, on peut faire pêcher 5 concepts et pas de sujet : improviser sur le sujet que l’on veut et souvent perçu comme plus facile (même si ça n’est pas forcément le cas), du coup c’est moins inhibant.
Autres variables sur laquelle jouer : les concepts, et les sujets, qui peuvent concerner le vécu collectif du groupe, et s’adapter à ce qui a été travaillé, par exemple, au cours de l’année scolaire, ou de la formation en cours, ou encore au milieu professionnel des participant·e·s.
Toutes petites choses à ajuster à votre public.
Prévoir une tablette, on un smartphone, sur lequel montrer l’extrait vidéo ci-dessus, est une façon simple d’expliquer l’exercice, puisqu’il s’agit de faire comme Lepage (avec d’autres mots, d’autres sujets, … mais tout de même).
Documents à télécharger
Tutoriel de fabrication
Matériel
- Soit des fiches cartonnées sur lesquelles vous écrivez à la main, soit des feuilles cartonnées (80gr ou 120gr) pour l'imprimante
- Une imprimante (ou pas si vous faites les cartes à la main)
- Une enveloppe A5
- 2 enveloppes de la dimension de vos cartes, plus petites que l'A5
Marche à suivre
Imprimer les concepts et les sujets sur les feuilles cartonnées A4, et les découper. Ou les écrire à la main sur les fiches cartonnées. Ou imprimer, un à un, les concepts sur les fiches cartonnées (par exemple via un format A6 ou A7 sur votre imprimante).
Remplir une des deux petites enveloppes avec les concepts. Écrire « Concepts » sur l’enveloppe, ou l’imprimer.
Remplir l’autre petite enveloppe avec les sujets. Écrire « Sujets » sur l’enveloppe, ou l’imprimer.
Glisser le tout dans l’enveloppe A5.
Imprimer le document des consignes sur la face pleine de l’enveloppe. Pour ce faire, régler le format du papier de l’imprimante sur « A5 » et placer l’enveloppe de façon à ce que la face pleine soit celle qui soit imprimée (quelques tests sont parfois nécessaires, et quelques erreurs de placement sont à prévoir, mieux vaut avoir quelques enveloppes pour commencer)