Organisé par Gaëlle Jeanmart (PhiloCité) et Noëlle Delbrassine (ULiège), ce cycle de petits-déjeuners entend proposer une approche critique et alternative du développement personnel.
La philosophie a originellement été associée à la connaissance et au souci de soi. Est-elle pour autant une pratique de “développement personnel”? Si elle a parfois nourri les mythes de l’identité personnelle et de l’accomplissement individuel, la philosophie n’a pas cessé non plus de déconstruire ces mythes et de faire droit à l’impersonnel sous toutes ses facettes. Elle peut même apparaître comme l’une des réponses possibles à ce grand revers dépressif de l’idéologie du développement personnel qu’on a nommé la “fatigue d’être soi”.
Le samedi 3 décembre 2022, Noëlle Delbrassine (ULiège) s’est attaquée à la thématique de la connaissance de soi, aussi célèbre en philosophie que dans la littérature de développement personnel. Son arme ? Le philosophe genevois, Jean-Jacques Rousseau. En parcourant plusieurs de ses œuvres, de l’autobiographie en passant par ses textes éducatifs et anthropologiques, Noëlle met en lumière combien il ne suffit pas, chez Rousseau, de se pencher sur son « petit Soi » pour se (re)trouver. Au contraire, il faut bien constater que trois longues autobiographies (Les Confessions, Les Dialogues, Les Rêveries du promeneur solitaire) n’ont pas suffi : pour se connaître, il faut passer par autrui. L’idée selon laquelle autrui constitue un détour salutaire et indispensable pour revenir à soi apparaît dans l’Emile, et plus tôt encore, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. On la retrouve également dans les thèses de Paul Ricoeur, philosophe français du 20e siècle (identité narrative, Soi même comme un autre, etc.).
L’analyse de différents extraits de textes philosophiques, combinés à un jeu faisant des anecdotes de philosophes un premier pas dans la connaissance des autres et de soi-même, le tout saupoudré d’une discussion philosophique collective sur ces questions : telle est la « recette » philosophique du jour pour aborder de façon critique cette fameuse connaissance de soi qui nous obsède.