JEP S’engager en classe de philosophie ? Neutralité et débats d’idées

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20/11/2024 - 21/11/2024    
8h30 - 18h30
La Fabrique Philosophique prend une nouvelle fois part aux Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques. Cette année, celles-ci se déroulent à la Maison de [...]
Events on 20/11/2024

Date/heure
Date(s) - 15/05/2024
10h00 - 17h00

Emplacement
ULiège, Faculté de Philosophie et Lettres, espace paysager du département de Philosophie (bât. A1/3e étage).

Catégories


Journée d’étude et de pratique – Belgique – La Fabrique philosophique (ULiège/PhiloCité) : S’engager en classe de philosophie ? Neutralité et débat d’idées. Avec Nathalie Frieden et Michel Tozzi.

Université de Liège, 15 mai 2024

10h-13h, espace paysager du département de Philosophie (A1/3e étage)
14h-17h, local « Séminaire média » (A1/2e étage)

 

Pour nourrir la réflexion que nous menons depuis plusieurs semaines avec les étudiantes et étudiants du Master didactique, nous avons le plaisir et l’honneur de recevoir Nathalie Frieden (Professeur émérite de l’Université de Fribourg) et, en distanciel, Michel Tozzi (professeur émérite de l’Université de Montpellier 3). En matinée, nous aurons l’occasion de découvrir un exercice de citoyenneté inspiré du système de votation suisse puis de vivre une DVDP à analyser au prisme des questions du jour. L’après-midi sera consacrée aux réflexions des étudiant·es, présentées de façon à en faire un objet de recherche collaborative avec le public.

 

Argumentaire réalisé avec les étudiant·es :

La neutralité, imposée aux enseignant·e·s par le décret du même nom, n’est pas sans soulever dans le quotidien du personnel éducatif des difficultés de différents ordres. De façon générale, l’injonction à la neutralité nous expose à deux écueils. D’une part l’excès de neutralité risque d’affadir les cours en les rendant impersonnels, sans relief et sans passion. D’autre part, l’absence de neutralité fait courir le risque de donner abusivement du poids à l’opinion de l’enseignante, avec la caution de son statut.

Pour nous, futur·e·s enseignant·e·s du cours de Philosophie et citoyenneté, l’enjeu est d’autant plus central que le matériau premier de notre discipline est précisément constitué de discours et d’opinions, tirés de la philosophie, d’autres disciplines ou, plus souvent encore, des élèves eux-mêmes.

Une série de questions se posent à nous :

Comment travailler la distinction entre fait et opinion de manière subtile, sans tomber dans le relativisme ni le scientisme ? Face à des propos qui vont à l’encontre de théories scientifiques, quelle attitude adopter ? Quels repères théoriques utiliser ? Quel type d’objectivité doit-on défendre ? Quelle épistémologie au sein du cours de CPC ?

Jusqu’à quel point doit-on respecter les sensibilités des élèves ? Penser ne suppose-t-il pas de se laisser bousculer, de sortir de ses cadres, de cesser de faire corps avec ses convictions ? Ou vaut-il mieux préserver une sécurité psychique chez les élèves, éviter de heurter leur sensibilité ? Faut-il parfois se censurer pour éviter de froisser ?

Au sein du cours ou d’une discussion, comment faire en sorte de multiplier les points de vue, les arguments ? Faut-il situer sa propre prise de parole ? Justifier ses choix de supports ? Vaut-il mieux assumer des partis pris (avec quelles précautions ?) ou tenter de les éliminer au maximum ? A quelles conditions le pluralisme est-il le plus opératoire, le plus propice à développer une pensée propre chez chaque élève ? Et quel rôle y joue la philosophie ?

Au sein d’un cours qui a vocation à travailler les opinions, pour lequel c’est le matériau de travail premier, quelle marge laisser aux opinions antidémocratiques, négationnistes, racistes, misogynes, etc. ? Le questionnement et l’argumentation peuvent-ils suffire à traiter ces sujets ou faut-il rappeler la loi et faire taire certains propos ? Comment faut-il agir, en particulier quand ces discours répétés blessent ou dérangent d’autres élèves de la classe, qui parfois se sentent insultés ?

Nous réfléchirons donc ensemble, à partir de cas concrets et d’outils théoriques,  aux limites de la neutralité au Cours de Philosophie et Citoyenneté, en veillant à questionner aussi bien les prises de position de l’enseignant·e que la demande de prise en compte des sensibilités des élèves.