« Qu’est-ce que la science ? » d’Alain F. Chalmers

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Après-midi interprofs "Un parlement des choses"
24/02/2023    
13h30 - 17h00
La Fabrique revient avec une proposition avortée par les confinements, puis repoussée par souci de la santé des animateurices qui voulaient la mettre en place. [...]
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Qu’est-ce que la science ? de Alan F. Chalmers, est un ouvrage qui, au premier abord, peut paraître austère aux yeux du jeune étudiant souhaitant s’intéresser à la philosophie. En effet, ce livre datant de 1976 et traduit en 1987, est bien loin des ouvrages de vulgarisation que nous pouvons trouver aujourd’hui tel que Rock’n’Philo de Francis Métivier. Malgré tout, une fois cette première impression passée, il est fort aisé de se plonger dans cet ouvrage aujourd’hui classique. Écrit avec l’objectif d’être « une introduction simple, claire et élémentaire aux conceptions modernes de la nature de la science » (Alan F. Chalmers, trad. Michel Biezunski, Qu’est-ce que la science ?, 1976 [1987], Editions La Découverte, Paris, p.13.), on peut constater qu’à l’exception du chapitre 14 « Réalisme non figuratif » (Ibid., pp. 254 à 268) l’ouvrage se laisse lire avec une grande aisance qui happe le lecteur sur la route du savoir.

Au fil de notre chemin, nous sommes confrontés à l’inductivisme et à ses critiques, aux théories de Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend, mais aussi à des notions centrales de la philosophie des sciences telles que le « relativisme », le « Rationalisme » ou encore l’« instrumentalisme » et le « réalisme ». Les Explications sont claires, entrecoupées d’exemples tirés de l’histoire des sciences. Ce dernier point rend d’ailleurs notre aventure plus riche et plus passionnante, permettant non seulement de se familiariser avec les auteurs susmentionnés, mais aussi de faire ses premiers pas dans l’histoire des sciences (et en particulier avec la physique).

Un autre point positif de cet ouvrage est la progressivité de ce dernier dans l’approfondissement des notions, l’auteur commençant systématiquement par une vision dite « naïve » fournissant les bases d’une conception. Citons par exemple, le falsificationnisme naïf qui est par la suite nuancé et détaillé afin d’exposer la théorie plus complexe et est, finalement, critiqué. Ces mêmes théories, une fois clairement posées, sont remises en question pour ensuite être invoquées au besoin – que ce soit pour les notions abordées ou pour clarifier la théorie suivante (Ibid., pp. 91 à 105). Malgré tout, il semble important de souligner certaines embûches sur ce chemin qui nous est proposé. Cet ouvrage, même s’il tend à être le plus neutre possible, reste marqué par la position objectiviste et réaliste de l’auteur, ce qui donne à penser que derrière la volonté d’une première introduction, l’auteur cherche à défendre sa vision de la science, ce qui risquerait d’influencer le jeune voyageur et, ce faisant, fermer son esprit à d’autres visions (signalons cependant que la partie sur Feyerabend peut limiter ce point). Un autre point négatif est sans conteste l’opposition entre le titre et le contenu du livre. En effet, le titre laisse penser que notre voyage nous amènera à rencontrer l’ensemble des sciences. Or, force est de constater que même si certains exemples proviennent de la chimie ou de la biologie, le livre se concentre quasi exclusivement sur la physique et l’histoire de cette dernière, ce qui peut décevoir la personne désireuse de s’intéresser aux sciences de manière générale et qui, à notre sens, peut être problématique dans le cadre d’une introduction à la philosophie des sciences. Selon nous, afin de remplir pleinement son objectif, Alan F. Chalmers aurait dû proposer une carte plus complète permettant de se faire une idée générale, non pas de la physique, mais des sciences.

Malgré ces quelques défauts et ce côté austère, il n’en reste pas moins que cet ouvrage est une très bonne introduction à la philosophie des sciences et mérite toute notre attention. Il serait néanmoins intéressant pour le professeur qui souhaiterait le faire connaître à ses élèves de sixième année, de les doter d’un encadrement pour la lecture de l’ouvrage. Ce qui permettrait de les aider ainsi face aux éventuelles difficultés rencontrées ainsi que de leur proposer un panorama plus large s’ouvrant notamment aux sciences humaines. Mais aussi de s’intéresser à la vision instrumentaliste et nuancer le point de vue de l’auteur. Cette pédagogie permettra à l’élève non seulement de cerner les débats inhérents à la philosophie des sciences, mais aussi et surtout de construire son propre parcours dans ce domaine.

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