APQC – Approche Philosophique de Questions de Citoyenneté

L’organisation pratique du cours…

30h, dont 6h en autonomie
Lieu : Place du Vingt-Août (Philo II + Philo I et Séminaire Médias)
Horaire : 6 vendredis de 13h30 à 17h au premier quadrimestre
Dates : les 12 et 26 octobre, 9 et 23 novembre, 7 et 21 décembre 2018
Titulaires : Anne Herla, Aurore Compère, Alexis Filipucci

12 octobre 2018 – 1ère séance

Présentation du cours

Précision de quelques éléments éclairants concernant le cours d’APQC, partagées à toutes fins utiles avant le début effectif de celui-ci.

Partage entre les deux cours, Contenus et méthode, Évaluation.

Les différents points abordés sont dans le power-point.

Speed dating

Un temps pour se rencontrer les un.e.s les autres, et échanger sur les réussites et les difficultés qu’occasionne le CPC.

Consignes données :

  • 6 x6’ + 1’
  • À partir de votre situation, décrivez les plaisirs/joies et les principales difficultés rencontrées dans l’exercice du métier de prof de philo et citoyenneté.
  • Points  de vigilance :
    • Restez dans le sujet
    • Notez les éléments saillants
    • Convoquez des expériences diverses et branchez-vous sur votre interlocuteur !

La mise en commun des grandes catégories de difficultés est consultable ici.

Petit point sur les grandes lignes du CPC

Toujours avant d’entrer dans le vif du cours, un moment pour nous mettre d’accord sur les grandes lignes de l’organisation du CPC. Référentiel, programme, philo, citoyenneté, genèse du cours, neutralité… Autant de points sur lesquels les malentendus sont encore légion.

Quelques slides pour éclairer tout ça.

26 octobre 2018 – 2ème séance

Exercice d’écoute

La qualité d’écoute et l’analyse de la parole de l’autre sont préalables à tout travail ultérieur. Sur base d’une prise de position initiale, le groupe tente de reformuler le message.

L’analyse de ces reformulations, de ce qui s’y ajoute ou s’y perd, permet de devenir capables d’opérer un tri plus conscient et sensé, à l’opposé d’une écoute partielle, partiale, et inconsciente d’elle-même.

Le déroulé est dans power-point des consignes des deux activités de cette séance.

Les fiches-observateurs pour le Non-verbal ; Vocabulaire.

Cueillette de questions

À partir d’une des étapes de la Communauté de Recherche Philosophique de Mathew Lipman, la “cueillette de questions” sur base d’un support commun – ici, une vidéo relatant un fait divers et les polémiques qui en découlent –, voyons quel traitement faire subir aux questions pour qu’elles “ouvrent” sur un travail philosophique ultérieur (oral, écrit, individuel ou collectif, tout est ensuite possible).

Le questionnement, central en philosophie, et tourné vers les manières d’interroger des autres disciplines, est ici poussé à l’extrême (comme on ne le fait presque jamais en classe) afin de nous permettre de voir ce qui est particulier dans le questionnement et la problématisation philosophique.

Les consignes données sont reprises dans le diapo de la séance.

Plénière

Afin de tirer le meilleur fruit des activités en sous-groupes, trois quarts d’heure toustes ensemble pour voir quelles opérations ont été utilisées/développées dans les deux activités vécues en petits groupes.

Vous pouvez consulter dès à présent le “prezi” sur le questionnement que nous vous avons renseigné.

9 novembre 2018 – 3ème séance

Exercices de conceptualisation

Trois exercices à tester pour manier et remanier un concept qui traîne partout, tellement qu’on n’y prête plus – suffisamment – attention. Un concept symptomatique de notre temps et de sa course. Un concept pas directement philosophique, que les démarches de conceptualisation philosophique sont susceptibles d’éclairer d’un jour nouveau, et en même temps autour duquel la tradition philo tourne suffisamment pour trouver, chez les philosophes, du contenu qui fait penser.

En plus de ces expérimentations live un peu expresses faute de temps, nous vous proposons un prezi sur la conceptualisation, qui reprend ces trois exercices et quelques autres pistes, à affiner et à compléter bien sûr.

Documents des ateliers :

Histoire du concept ; Tradition Philo (Rancière et Machiavel)

Liens intéressants concernant le  populisme :

Chantal Mouffe (les 15 dernières minutes)

Plénière

Temps de retour sur les trois exercices, tels qu’ils ont été vécus dans les différents sous-groupes.

Comme le défend Deleuze, et comme certain.e.s d’entre vous l’ont également relevé lors de la plénière du 26 octobre, en philosophie la conceptualisation est intrinsèquement liée à la problématisation (et vice-versa).

Différemment de ce que recherchent les spécialistes d’autres disciplines, le philosophe ne s’attache pas à parvenir rapidement à une définition opératoire du concept. Sa définition, sa dénotation, sa connotation, suscitent des questionnement, des problèmes, au point qu’il peut être perçu comme un prétexte de plus pour problématiser. Le concept suscite des problèmes.

L’éclaircissement des concepts mobilisés est une étape essentielle, comme le relevait Thierry, de l’analyse intrinsèque d’une question, d’un problème. On se trouve alors face à l’utilité la plus visible de la Philo puisque le dictionnaire, par son jeu de renvois successifs, par les diverses propositions de sens qu’il donne pour chaque terme, ne permet pas de trancher, ce que soulignait Françoise. Le problème, contenant des concepts, suppose qu’on les traite.

L’activité des philosophes, qui forgent des concepts, ne se nourrit pas d’elle-même. Encore une fois, la Philo part de ce qui lui est extérieur : c’est en réponse à un problème que le philosophe crée un ou plusieurs concepts. Sans problème impérieux à résoudre, pas de concept.

Concepto-problématisation pour le montage

Afin de vous réapproprier les exercices de conceptualisation, et/ou d’en tester d’autres…

Afin de dérouler le geste de conceptualisation et de le lier à la problématisation…
Afin de créer un problème susceptible de permettre la création d’une œuvre dont la réalisation se répartira sur deux séances…
Plus concrètement, afin que vous puissiez rassembler des ressources textuelles et iconographiques dans le but de créer un montage hétéroclite duquel surgirait tout de même un sens, deux étapes successives vous sont proposées ici :

1/ Sur un concept à pêcher au sort, appliquez l’une ou l’autre des méthodes de conceptualisation vécues en sous-groupes, ou d’autres que vous tirez d’ailleurs ou de vous-mêmes.

2/ À partir de ce travail sur le concept, forgez une question qui soit un pré-problème, vous donnant envie de fureter à la recherche de textes issus de la tradition philosophique, du corpus d’autres disciplines, de la littérature… et d’images tirées des beaux-arts, de la culture pop…

Trouvez ici les consignes du montage, reprenant le travail de cette semaine, celui de l’entre-deux-cours et celui du 23 novembre.

La composition des groupes et les pré-problèmes.

23 novembre 2018 – 4ème séance

Montage

À partir du matériau brut, issu de vos recherches à chacun autour du « pré-problème » commun, réalisez un montage articulant textes et images de manière à faire apparaître un problème philosophique, repérable entre les lignes, sans nécessité d’aucune explication [cf. consignes du montage]. Il s’agit de concevoir une sorte d’anthologie : d’extraire et d’associer entre eux des textes et images, en se sentant libres d’être créatif.ve.s dans la mise en page, le graphisme etc. pour penser l’intérêt de l’aléatoire mais aussi de la construction d’un problème à partir de sources contrastées. Sur un mode proche de ce que recherchait Aby Warburg dans son Atlas d’images Mnemosyne et dans le classement de son impressionnante bibliothèque (reposant sur les thèmes des ouvrages plutôt que sur d’autres critères plus communs comme les ordres alphabétique ou chronologique), faites émerger un problème à partir de l’agencement que vous créez.

Phase 1 20min : Prendre les apports de quelqu’un.e d’autre dans le groupe et trancher dedans (décider ce qu’on garde et ce qu’on rejette). Sélection individuelle.

Phase 2 30min : Ramener les éléments sélectionnés en groupe et continuer la sélection collectivement, construire le futur montage. Décider de l’ordre et de l’agencement des extraits et images.

Phase 3 30min : Montage proprement dit, sous la forme préférée par le groupe (équivalent à 10 pages maximum). Fabrication pratique, concrète, de “l’objet” montage au moyen des outils mis à disposition.

Plénière

Échange des montages entre groupes. Découverte du montage reçu pendant 20min.

Devinette par chaque groupe du problème philosophique que recèle le montage qui lui a été donné en lecture. + Retour du groupe auteur sur sa production.

Identification des gestes de problématisation accomplis par chaque groupe. Support prezi ici.

Pour la fois prochaine, produire un petit écrit dans lequel vous réfléchissez à deux choses : formulez en quelques lignes le plus clairement possible le problème philosophique que révèle votre montage (celui qui est le plus parlant pour vous) et notez en quoi ce processus de montage en partie aléatoire favorise la problématisation, ou l’empêche (intérêts et limites). Cette mise au net de vos idées vous sera utile pour le travail final.

Pro-Vie
Spécisme
Féminazi.e
Migrant
Migrant_Profil
Vérité alternative
Décroissance

7 décembre 2018 – 5ème séance

Faux débat

Un petit jeu de rôle, destiné à rendre visibles les difficultés liées à l’argumentation en Philosophie. Sur le thème Faut-il donner aux mendiants ?, deux intervenant.e.s incarnant le “oui” et deux incarnant le “non” chercheront à l’emporter dans une joute oratoire juste un peu stéréotypée. Qui l’emportera ? Quel camp sera donné gagnant par le public, nombreux, qui assistera à leur lutte ?

Mise en commun :

Le prezi sur l’argumentation reprendra toutes les activités de ce cours, et bien d’autres.

Charbonnade

À partir de l’expression d’une thèse brièvement argumentée, on cherche dans un premier temps à prendre distance par rapport au discours de l’autre en effectuant une critique interne : non pas proposer une autre thèse que l’on chercherait à défendre, mais plutôt rester sur l’idée de l’autre pour la questionner. Que signifie ce mot ? tel présupposé n’est-il pas présent ? l’articulation est-elle bien claire ? la cohérence logique est-elle respectée ? etc. Geste critique, certes, mais centré sur l’autre : c’est sa pensée que l’on cherche à creuser.

Sébastien Charbonnier, lisant Spinoza, nous enjoint d’éviter de mépriser nos interlocuteur.trice.s. Si on s’en tenait à la critique (même interne), on aurait sans doute tendance à voir davantage dans la pensée de l’autre ce qui n’y est pas, ce qui fait défaut. En voulant la corriger, on risquerait le “ratage perceptif” : ne pas véritablement voir ce qu’autrui apporte de nouveau par rapport à notre propre façon de penser.

On cherchera donc, dans un second temps, à “percevoir ce qui est présent en l’autre, c’est à dire à accueillir la puissance réelle de l’autre”1. On exerce donc également “notre capacité perceptive à entendre ce que l’autre nous dit d’intéressant, de nouveau, de différent”2.

Les deux efforts demandés dans cet exercice pourraient paraître contradictoires : critiquer, souligner les faiblesses, peut paraître à l’opposé de prolonger, en mettant les forces en lumière. Ce que l’on cherche à faire ici, c’est plutôt, en soutenant l’autre dans son argumentation – plutôt que de la détruire en attaquant ses faiblesses –, lui donner plus de force. Ne pas se placer contre elle ou lui, ne pas réfuter sa thèse en mettant à mal ses arguments, mais lui fournir des éléments pour améliorer la solidité de l’ensemble. Penser avec lui.

Mise en commun de cet exercice.

1.Sébastien Charbonnier, Aimer s’apprend aussi, Méditations spinoziennes, Paris, Vrin, Pratiques Philosophiques, 2018, p. 14.  Retour

2.Ibid. Retour

Débat sur la neutralité (pas fait)

Mise en pratique de tout ce qui précède, cette discussion autour de la question Quand est-ce important pour un.e enseignant.e d’être neutre ? nous paraissait devoir être organisée dans la foulée de cette interrogation autour de l’argumentation. Prendre position, argumenter, peut en effet être l’exact opposé d’une conception de la neutralité comme relativisme. De même que certaines positions, ou certains arguments, seraient sujets à censure sous le régime d’une neutralité comme imposition d’une doctrine d’État.

À nouveau, pour sauver et la neutralité et l’argumentation, pour nous aider à construire un cours de Philosophie et Citoyenneté qui permette réellement de construire ensemble des expériences de pensée plus libre, il nous faut éviter ces deux écueils – relativisme et doctrine d’État. On peut alors, suivant en cela la lecture du décret proposée dans le programme, considérer la neutralité comme cadre de la liberté d’expression (“tout peut être dit, sauf ce qui empêcherait que tout soit dit”), cadre qui doit néanmoins être assorti d’une exigence philosophique forte :  peser ce qui est dit à l’aune de outils de l’argumentation, de l’analyse des fondements.

L’objectif au sein de ce débat, outre de traiter plus est d’intégrer, dans ce débat, les dimensions de l’argumentation travaillées lors des deux précédents exercices, ainsi que certaines compétences développées lors des précédents cours, en prêtant attention à la qualité de l’argumentation collective ainsi qu’à la conceptualité du terme “neutralité”.

21 décembre 2018 – 6ème et dernière séance


Exercices d’interprétation

Au départ d’une courte vidéo d’images d’actualité :

1. Décrire les traits saillants, les singularités

2. Tenter de les comprendre ; d’en donner une explication, une lecture

3. Dans cette explication, utilisez des métaphores : définissez un ensemble d’images qui vont permettre de cerner une atmosphère, un sens global de la situation évoquée.

Cet exercice d’interprétation, testé à Peyriac en 2017, en proposant un regard subjectif qui s’assume comme tel, sur un mode littéraire, permet d’entendre ce que chaque regard a de singulier. On fait droit à des lectures différentes du réel sans chercher à réduire cette différence en considérant qu’il en existerait une qui serait la “bonne”. Nous nous inspirons ici d’un ouvrage à paraître de F. Galichet, qui attire notre attention sur l’importance de la tradition herméneutique dans l’histoire de la Philosophie du XXème siècle et sur le caractère proprement démocratique de cette compétence, l’interprétation : elle permet de nous ouvrir au point de vue d’autrui, non pas dans une perspective de simple tolérance lénifiante “chacun.e sa vision”, mais dans celle d’épaissir sa propre compréhension du réel à travers le regard des autres.

Puis, en tirant profit de l’hétérogénéité des formations initiales des participant.e.s, et en restant sur le même élément d’actualité, nous tâcherons de confronter les différents discours disciplinaires. Suivant l’exemple de la démarche entreprise par Sophie Calle dans son œuvre “Prenez soin de vous”, chaque sous-groupe cherchera à interpréter la petite vidéo ci-dessus avec un regard typique de la discipline qu’il se sera vue attribuer. Il reviendra également à ces sous-groupes “disciplinaires” (discours théologique, juridique, scientifique, artistique, philologique, moral…) de penser la spécificité du regard qu’ils doivent adopter.

L’objectif ici est de tenter de spécifier les caractéristiques propres à l’approche philosophique de questions de citoyenneté, notamment en l’articulant (donc en l’en distinguant) aux approches d’autres disciplines.

Feedback de mi-formation

Puisque, pressé.e.s par notre envie de vous faire vivre le plus d’exercices possible, nous n’avons pas encore pris le temps de vous demander formellement ce que vous pensez de la formation. Nous vous proposons, enfin, un moment d’échange “méta” sur ce que nous venons de vivre ensemble ces derniers mois.

Nous aimerions savoir :

  1. Ce que vous avez trouvé intéressant dans la formation jusqu’à présent
  2. Ce que vous aimeriez y trouver plus tard

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