Questionnaires Google pour lire à distance

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Deux extraits de textes philosophiques à lire, respectivement, pour l’UAA 2.1.2. Éthique et technique, et pour l’UAA 3.1.4. Liberté et responsabilité. Les questionnaires  à correction automatique que Google propose simplifient grandement la correction de toutes ces questions, fermées, à choix multiple. 

Serres – Décapitée, Petite poucette ?

Dans sa Légende dorée, Jacques de Voragine raconte qu’au siècle des persécutions édictées par l’empereur Domitien advint à Lutèce un miracle. L’armée romaine y arrête Denis, élu évêque par les premiers chrétiens de Paris. Incarcéré, puis torturé dans l’Île de la Cité, le voilà condamné à être décapité au sommet d’une butte qui se nommera Montmartre. 

Fainéante, la soldatesque renonce à monter si haut et exécute la victime à mi-chemin. La tête de l’évêque roule à terre. Horreur ! décollé, Denis se relève, ramasse sa tête et, la tenant dans ses mains, continue à grimper la pente. Miracle ! Terrifiée, la légion fuit. L’auteur ajoute de Denis fit une pause pour laver son chef à une source et qu’il poursuivit sa route jusqu’à l’actuelle Saint-Denis. Le voilà canonisé.

––––––

Petite Poucette ouvre son ordinateur. Si elle ne se souvient pas de cette légende, elle considère toutefois, devant elle et dans ses mains, sa tête elle-même, bien pleine en raison de la réserve énorme d’informations, mais aussi bien faite, puisque les moteurs de recherche y activent, à l’envi, textes et images, et que, mieux encore, dix logiciels peuvent y traiter d’innombrables données, plus vite qu’elle ne le pourrait. Elle tient là, hors d’elle, sa cognition jadis interne, comme saint Denis tint son chef hors du cou. Imagine-t-on Petite Poucette décapitée ? Miracle ? 

Récemment, nous devînmes tous des saint Denis, comme elle. De notre tête osseuse et neuronale, notre tête intelligente sortit. Entre nos mains, la boîte-ordinateur contient et fait fonctionner, en effet, ce que nous appelions jadis nos « facultés » : une mémoire, plus puissante mille fois que la nôtre ; une imagination garnie d’icônes par millions ; une raison aussi, puisque autant de logiciels peuvent résoudre cent problèmes que nous n’eussions pas résolus seuls. Notre tête est jetée devant nous, en cette boîte cognitive objectivée. 

Passé la décollation, que reste-t-il sur nos épaules ? L’intuition novatrice et vivace. Tombé dans la boîte, l’apprentissage nous laisse la joie incandescente d’inventer. Feu : sommes-nous condamnés à devenir intelligents ?" 

Parabole de Saint-Denis

Sur Canopé, Michel Serres nous raconte cette parabole – un "texte" parfois plus abordable ?

Spinoza - Pierre qui roule...

[…] une pierre par exemple reçoit d’une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l’impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu’elle est nécessaire, mais parce qu’elle doit être définie par l’impulsion d’une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l’entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu’il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d’une certaine manière déterminée.

Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que parce qu’elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu’ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. De même un délirant, un bavard, et bien d’autres de même farine, croient agir par un libre décret de l’âme et non se laisser contraindre.

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