Compte-rendu critique : 101 expériences de philosophie quotidienne

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de Roger-Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 11-12

Pour cet exercice, j’ai choisi l’ouvrage de Roger-Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne

Le titre de l’ouvrage annonce directement ce qui est, d’après moi, sa principale qualité. D’abord, il propose des expériences pratiques de philosophie. La philosophie est parfois représentée comme étant une suite de discours théoriques avec une tendance certaine à perdre le sens du réel. Roger-Pol Droit propose donc ici une autre vision de la philosophie beaucoup plus concrète et même sensorielle puisque ces expériences visent à produire certains effets, certaines sensations concrètes1. De plus, ces expériences prennent place dans la vie quotidienne. Il ne s’agit donc pas d’expérience de pensée, mais nous trouvons ici un véritable ancrage dans la vie concrète du lecteur. 

Certaines de ces expériences sont pour moi très efficaces, c’est-à-dire qu’elles arrivent à produire en nous les effets attendus. J’apprécie particulièrement l’expérience 1 – S’appeler soi-même2 qui pour moi réussi particulièrement bien à produire chez nous une sensation de dédoublement, sorte de « pas de côté » du philosophe dont l’auteur parle dans sa courte introduction. D’autres expériences n’ont pas du tout provoqué chez moi l’effet escompté. Par exemple l’expérience 13 – Boire en pissant3 n’a pas eu chez moi l’effet « ouvrant » souhaité.

Un autre point négatif de l’ouvrage est que certaines expériences qui sont proposées sont difficiles. J’ai par exemple personnellement eu ces difficultés avec l’expérience 11 – Téléphoner au hasard4. Je sais que je ne ferais jamais faire cette expérience, parce qu’elle va à l’encontre de certaines de mes valeurs. L’expérience 7 – Perdre quelque chose et oublier quoi5 est également très difficile parce que nous ne pouvons pas la provoquer. Nous sommes entièrement dépendants du hasard qui, lui seul, décidera si nous pourrons ou pas l’expérimenter. Ce point plus négatif ne pose en vérité problème que si nous souhaitons suivre l’ouvrage dans l’ordre et effectuer, de manière systématique, une lecture suivie de l’expérimentation qui correspond. L’auteur ne nous donne quant à lui explicitement aucune indication sur la manière de suivre l’ouvrage. Il semble nous laisser juge de la façon dont nous souhaitons le parcourir. Les quelques dernières pages nous listent d’ailleurs les différentes expériences suivant les effets, les durées et le matériel nécessaire. 

Selon moi, par son côté très concret, il serait vraiment intéressant de tenter d’utiliser cet ouvrage en classe. La question qui se pose alors est celle-ci : comment utiliser un ouvrage aussi individuel et personnel (puisqu’il cherche à provoquer des sensations) en classe ? 

Je vois plusieurs réponses à cette question. Par exemple, nous pourrions imaginer donner l’ouvrage aux étudiants avec comme consigne de le lire chez soi et de choisir (ou l’enseignant impose) plusieurs expériences à véritablement faire chez soi. Une discussion en classe suivrait la lecture de l’ouvrage. Ce procédé risque par contre de provoquer une lecture rapide et scolaire de la part de l’étudiant, manquant par là son objectif : produire des effets. 

Une autre proposition serait de prendre quelques minutes de chaque leçon pour expérimenter certaines expériences individuellement puis de discuter ensemble des effets que cela a produits chez eux. Le principal inconvénient de cette méthode est que très peu d’expériences s’y prêteraient. La grande majorité de celles-ci demandent du silence, une solitude et une expérimentation physique et non mentale.

Une dernière proposition que je propose ici serait de parfois prendre quelques minutes du cours et de proposer une expérience comme exercice à faire pour le prochain cours. Là aussi il faudrait que les étudiants se prêtent au jeu, mais l’avantage ici serait le côté ponctuel et rapide de l’exercice (et non lire un livre en entier). 

Pour ma part, si j’utilise cet ouvrage en classe je pense que j’utiliserais un mélange des trois propositions. Je proposerais certaines expériences à faire en cours, certaines à faire à la maison et, en plus, une lecture imposée de l’ouvrage en entier suivit d’un débat en classe et pourquoi pas d’une rédaction de la part des étudiants qui réfléchirait à ce que l’ouvrage leur a apporté.


1. Effets ajustant, ambigu, angoissant, antidépresseur, … Voir liste des effets Roger-Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 221-222
2. Roger-Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 11-12
3. Ibidem, p. 36-37
4. Ibidem, p. 32-33
5. Ibidem, p. 24-25

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Voir aussi :
« Pensez-vous vraiment ce que vous croyez penser ? » de Marianne Chaillan (Ed. des Equateurs)

Marianne Chaillan est une philosophe française et professeure de philosophie dans un lycée privé à Marseille. Elle est une fervente défenseuse de la pop-philosophie, une philosophie dont les objets sont ceux de la « pop-culture ». Elle a écrit divers livres à ce propos, analysant tantôt l’univers de Disney (Ils vécurent philosophes et eurent beaucoup d’heureux), Harry Potter (Harry Potter à l’école de la philosophie), Game of Thrones (Game of Thrones, une métaphysique des meurtres), ou élaborant les playlists fictives qu’écouteraient certains philosophes (La Playlist des philosophes). Le souci central de sa philosophie est de se rendre accessible à un public de néophytes.

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